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Election de 2009 : Le syndrome du candidat unique

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Election de 2009... Le syndrome du candidat unique (Dernières contributions)

Présidentielle de 2009 et troisième mandat

Le syndrome du candidat unique

 

Par Ammar KOROGHLI  (In El Watan du 10.01.2009)

« On s’obstine à relancer sur le marché politique les vieilles élites corrompues, usées et discréditées » (Lacheraf) « Lorsque les grands constatent qu’ils ne peuvent résister au peuple, ils gonfle un des leurs de prestige, puis le font prince afin de pouvoir, sous son aile, rassasier leur appétit » (Machiavel, Le Prince)

 

Après avoir assumé les fonctions de chef de l’Etat de janvier 1994 à avril 1999, Liamine Zeroual a, lors du Conseil des ministres du 16 septembre 1998, indiqué : « Ma décision d’organiser avant terme une élection présidentielle exprime, en définive, mon profond souhait de voir les vertus de la démocratie et de l’alternance au pouvoir définitivement ancrées dans notre culture politique et dans la conscienc nationale... »(1). En ce sens, M’ hammed Yazid, figure du nationalisme algérien et ancien ministre du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA,) se définissant comme « démocrate, républicain et moderniste » et qui pense qu’il faut « éliminer » du marché politique les gens de sa génération, a eu ces mots : « Le discours du président Zeroual est au fond une abdication de chef d’Etat en faveur du collège électoral algérien et d’une déclaration d’impuissance, de renonciation à la magistrature suprême... Une incapacité politique qui trouve sa raison dans l’absence d’une moralité d’Etat et, sur ce plan, nous sommes en présence d’un pouvoir amoral »(2). De la même manière, il a indiqué que « l’Etat est un Etat réfugié dans le ghetto du Club des Pins. Les investisseurs étrangers se demandent comment croire aux assurances de sécurité des responsables algériens, lorsque ces mêmes responsables vivent dans une zone sécurisé »(3).

En tout état de cause, plusieurs candidats, après avoir battu campagne (dont plusieurs ont fait partie du pouvoir, en tout cas de l’appareil d’Etat : Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi qui ne pouvaient espérer apporter toute vraisemblance, que leurs expériences acquises au service de ce pouvoir) ont pu exprimer leurs craintes sur l’élection présidentielle d’avril 1999, avant de retirer leurs candidatures collectivement ; ainsi, à titre illustratif, pour Aït Ahmed opposant notoire dans une intervention du 7 décembre 1998 à Paris a pu relever que « cette élection ne pouvait ne peut rien régler pour une simple raison : dans notre pays, le pouvoir réel n’a jamais résidé dans les institutions. Ce pouvoir réel, c’est-à-dire l’armée et la police politique ont toujours utilisé ces institutions comme courroie de transmission et paravent : c’était le cas du parti unique ou comme faire-valoir et façade démocratique : c’est le cas du Parlement ‘’pluraliste’’ mis en avant pour prouver la soi-disant démocratisation du pays »(4). Par le biais d’El Djeïch (février 1999), l’armée indiqua : « A la veille d’échéances qui engagent l’avenir du pays, l’institution militaire tient à lever les confusions entretenues par les uns et les autres, en rappelant, encore une fois, que l’Armée nationale populaire est irréversiblement républicaine et, qu’à ce titre, elle ne s’implique pas dans toute opération électorale que pour contribuer à créer les conditions à même d’assurer la sécurité de son déroulement et de permettre à notre peuple d’exprimer librement son choix, sans pression ni contrainte. »(5) Par ailleurs, aux yeux de beaucoup d’observateurs, au fur et à mesure du déroulement de la campagne électorale, il était évident que le pouvoir réel avait choisi son candidat en la personne de Abdelaziz Bouteflika, l’élection présidentielle devenant ainsi sinon obsolète, du moins inutile.

Ainsi, Youssef El Khatib, qui fit partie du staff de Zeroual, reste convaincu que « Bouteflika, comme d’autres, n’ont fait qu’exploiter le prestige de l’Algérie durant cette période où l’audience de notre pays était au zénith... Mais le plus grave, c’est qu’il a observé un silence total depuis le début des événements qui endeuillent le peuple. Il a préféré offrir ses services à une monarchie du Golfe. » (6) Quoi qu’il en soit, après une campagne électorale, moyennement couverte par la télévision algérienne, les six candidats à la présidentielle décidèrent après concertation — de se retirer de la course à la présidentielle, dans la mesure où ils ont estimé que le pouvoir avait concocté un scénario devant se terminer par l’élection de Bouteflika, toute campagne électorale devenant de ce fait sans objet ; ce geste fut qualifié de grave par le président Zeroual qui, dans son message télévisé du 14 avril 1999, a décidé que « le processus suivrait son cours jusqu’au parachèvement de toutes ses phases »(7).

Culte de la personnalité et gérontocratie

Candidat unique, suite au retrait des autres candidats, Bouteflika fut officiellement élu par près de 70% des voix exprimées ; au cours de la cérémonie de sa prestation de serment, il prononça une allocution de laquelle résulte : « Le plein rétablissement de la paix civile et l’élimination de la violence dans les actes et dans les esprits sont les objectifs prioritaires de toute politique qui réponde aux vœux profonds de la nation ».(8) A cet égard, il fit voter une loi sur la « concorde civile » aux fins annoncées de rétablir la paix, aidé en cela par une équipe « formée de financiers et d’économistes au fait des phénomènes qui gouvernent le monde actuel. Cette troïka est composée de Ben Bitour, Abdelatif Benachenhou et Hamid Temmar » ( ... ). A l’Intérieur, figure Yazid Zerhouni... « son ami de toujours » ( ... ). A l’Agriculture, Bouteflika a placé un ami à lui, Saïd Barkat ( ..). A l’Hydraulique (Ressources en eau) figure Selim Saâdi ( ... ). A l’Energie Chakib Khelil, cet ancien cadre de Sonatrach qui a passé près de vingt ans à la Banque mondiale ... (9), le gouvernement ayant été constitué après sept à huit mois de tractations avec certains partis d’opposition présents à l’Assemblée nationale, notamment le Mouvement social pour la paix (MSP) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).

De même, le nouveau Président a procédé, le 25 février 2000, à un remaniement au niveau de la direction de l’armée, notamment au niveau des régions militaires, de la Gendarmerie nationale, de l’Armée de terre et des Forces navales ... Et bien que l’espace de communication (médias audiovisuels particulièrement) soit verrouillé, des critiques furent formulées à l’endroit de la politique menée par le président Bouteflika ; ainsi, pour Rachid Ben Yellès, général à la retraite « c’est même un échec personnel pour l’homme qui a fait de ‘‘la démarche pour la paix’’ son axe d’effort principal... A l’entendre, les massacres, les attentats à l’explosif, les embuscades tendues aux forces de l’ordre ne seraient que vue de l’esprit ou propagande malveillante. »(10) Pour Sid-Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre sous Chadli Bendjedid et Mohamed Boudiaf : « En vérité, nous ne voyons rien d’autre que la consolidation des pratiques passées qui se caractérisent par la contradiction permanente entre le discours et l’acte ... La substance dominante dans notre vie politique n’est, côté action, que vide sidéral et, côté verbe, qu’un flot torrentiel de logorrhées (propos creux, verbiages, ndlr) ... Les incessants va-et-vient, les gesticulations, les faux sommets à l’étranger, tout cela fait très animé certes, mais ça ne met rien de plus dans le panier de la ménagère algérienne ni dans l’escarcelle des investissements en Algérie ; que du vent. »

Il ajoute, relativement à la loi de finances 2000 « basée sur des prévisions sous-estimant déraisonnablement le prix du baril prévu à 15 dollars » : « Si nous supposons donc que le prix du baril sera en moyenne de 25 dollars en 2000, cela veut dire que baser toute une loi de finances sur l’hypothèse d’un prix de 15 dollars, comme le fait le gouvernement, équivaut donc à cacher aux Algériens 6 à 7 milliards de dollars de revenus extérieurs, soit au moins les deux tiers des revenus déclarés. »(11) Il est vrai que le président Bouteflika n’a eu de cesse, au cours de ses nombreuses interventions retransmises par la télévision algérienne, d’indiquer que les caisses de l’Etat sont vides et que les vingt dernières années sont la source des maux de l’Algérie actuelle. Quoi qu’il en soit, la presse algérienne a eu l’occasion d’apporter également sa critique ; ainsi, à titre illustratif, pour El Watan, Bouteflika serait « un homme gagné par le doute et l’incertitude et qui se cache derrière de faux prétextes ». De même : « Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le chef de l’Etat parle beaucoup sans faire grand-chose. Il limoge, par un coup spectaculaire, des walis avant de remettre en cause sa décision en installant une commission de recours.

Du jamais vu. ( ... ) » Il évoque la liberté d’expression et il ferme entièrement les médias publics qu’il assimile, sans aucune crainte, à sa propre personne. Il s’étale sans limites sur la politique intérieure avec ses détails à l’extérieur du pays et il reproche aux Algériens de vouloir « nuire à leur pays à partir des capitales étrangères »..(12) Cette situation s’apparente, par son caractère récidivant, à du présidentialisme, où le président de la République apparaît comme un monarque ayant droit de vie et de mort sur la nation dont il dit qu’elle l’a porté au pouvoir en qualité de candidat indépendant. Dans cette perspective, il paraît évident qu’il existe en Algérie un déficit chronique en matière d’équilibre des pouvoirs dans la mesure où ce présidentialisme, sorte de technologie constitutionnelle artisanale de pays encore rivés au sous-développement politique par la grâce d’une gérontocratie qui n’a de grand qu’une rhétorique démesurée et une attitude arrogante dont le populisme est le moindre mal. En effet, la caractéristique essentielle du système politique algérien repose sur un déséquilibre institutionnel établi au profit du président de la République, sans contrepoids réel, à savoir : un Parlement qui reflète un pluralisme politique authentique, une magistrature indépendante, une presse libre et une société civile structurée. Il y a là une déviation et une dégénérescence du régime présidentiel.

Aussi, pour prévenir des risques certains de l’autoritarisme et de l’arbitraire, les éléments sus-évoqués constituent le meilleur rempart afin de tempérer les abus d’un Exécutif envahissant. Stratocratie, bailleurs de pouvoir et cercle des décideurs dans cette perspective, la stratocratie semble être la définition qui convient le mieux pour qualifier le système politique algérien car dominé par l’armée instrumentalisée et, dans une moindre mesure, s’apparente à une oligarchie, dès lors qu’on a affaire à un pouvoir politique fondé sur la prééminence de quelques personnes (le cercle des décideurs) qui apparaissent comme des bailleurs de pouvoir. Cela étant, à l’effet de compléter l’analyse relative à la vie politique et constitutionnelle de l’Algérie depuis 1999 - date à laquelle Abdelaziz Bouteflika a accédé à la direction du pays, - force est de mettre en exergue quelques nouveaux éléments afin de mieux cerner le système politique qui a, sans doute, besoin d’être réaménagé. Ainsi, après avoir laissé présager une vie politique sous-tendue par le multipartisme certes insuffisamment structuré - l’élection présidentielle d’avril 1999 pas plus que celle d’avril 2004 - n’a pas permis de consacrer des traditions politiques durables inspirées de la démocratie en tant que nouveau concept soumis à l’épreuve des faits.

L’on se rappelle qu’après une campagne électorale qui a vu plusieurs candidats disputer la magistrature suprême du pays à Bouteflika, ces candidats se sont tous retirés de la compétition, estimant qu’elle était biaisée par le fait majeur que leur challenger était le candidat de l’armée (en tous cas, de la frange de sa direction, la plus influente dans la sphère des décisions de la chose politique). En tout état de cause, le quinquennat 1999-2004 a été, pour l’essentiel, davantage consacré aux problèmes de la sécurité du pays — dans le prolongement de la succession de Zeroual — qu’aux problèmes découlant de la sphère socio-économique : investissements pour le développement, mesures pour réduire le chômage endémique et inflation galopante, desserrer sérieusement l’étau de la spirale infernale de la dette extérieure, programmes hardis pour résorber au maximum la question du logement... Le pouvoir a inauguré ce qu’il a appelé une politique dite de la concorde nationale visant à faire la paix avec la mouvance islamiste ayant pris le maquis, considérant qu’elle a été frustrée de sa victoire électorale aux élections législatives de 1991.

Depuis, une autre élection présidentielle a eu lieu, en avril 2004, avec pour principaux colistiers Abdelaziz Bouteflika lui-même, candidat à sa propre succession, et notamment Ali Benflis, son Premier ministre qui a cherché à le concurrencer au poste présidentiel et Saïd Sadi. Il est vrai que d’aucuns y ont vu, au départ, une authentique compétition, d’autant que les porte-parole de la haute hiérarchie militaire annoncèrent qu’ils n’interviendraient pas dans la compétition électorale pour soutenir l’un ou l’autre des deux candidats, (voire ont prédit la fin politique de Bouteflika, en tout cas, de son gouvernement). Cependant, les faits ont démontré qu’ils se trompaient, car ce dernier fut de nouveau élu, au grand dam de nombre de personnalités algériennes du monde politique. Lors de son second mandat, celui-ci prône une politique dite de la réconciliation nationale ; mandat au cours duquel le Président annonce des réformes économiques encadrées par un Plan complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) dont le coût avoisinerait les 55 milliards de dollars (environ 45,4 milliards d’euros). Ce plan qui propose de « relancer la croissance par la dépense publique » devrait être réalisé grâce aux revenus provenant des hydrocarbures (donc pas de recours à l’emprunt). A cet égard, il faut noter que le budget de l’Etat a été établi sur la base de 19 $­­ le baril (celui-ci atteignant jusqu’à 60 $­­ et à certaines périodes plus de 100 $­­) et que plusieurs milliards de dollars « dorment » dans les caisses des banques publiques.

Les réalisations visées par ce plan devraient concerner notamment le logement (avec l’objectif déclaré de 1 million de logements), le transport et les infrastructures (construction de l’autoroute Est-Ouest, métro d’Alger et rénovation de 1200 kilomètres de voies ferrées). Cependant, certains économistes algériens émettent des réserves, voire des doutes quant à cette ambition volontariste du pouvoir, l’expérience algérienne des plans triennaux, quadriennaux et quinquennaux est pourtant édifiante quant aux limites des plans de ce type ; ainsi, Abdelatif Benchenhou — réputé proche de l’actuel président de la République — semble avoir fait les frais de son « opposition » à cette vision toute présidentielle, en n’étant pas reconduit dans ses fonctions. De même, à en croire un autre économiste algérien, Mohamed Chérif Belmihoub, « on finance le statu quo au lieu de financer les réformes » ...(13) Il semble que le pays bénéficie de nouveau de conditions plus favorables qu’auparavant en vue de résoudre ses problèmes les plus flagrants. Ainsi, l’Algérie dispose de recettes pétrolières exceptionnelles (les réserves de change sont égales ou supérieures à plus de cent milliards de dollars, avec des liquidités dans les banques estimées à quelques milliards de dollars avec 95% des avoirs et des prêts bancaires des établissements publics). Et l’avenir dira quelle aura été l’efficacité de cet énième plan et l’utilisation de ces ressources exceptionnelles, ainsi que du règlement par anticipation de la dette algérienne.

Sans doute pour tenter d’asseoir une légitimité toujours déficiente et accéder à une certaine crédibilité, le pouvoir s’est également permis ce qu’il a été convenu d’appeler une moralisation de la vie publique ; ainsi, l’affaire de l’ex-wali de Blida qui serait impliqué dans des affaires de corruption, de trafic d’influence, de détournement et de dilapidation de biens publics, de faux et usage de faux. Il aurait bénéficié de deux villas à Alger « biens immobiliers ... cédés par un homme d’affaires actuellement emprisonné », (également un appartement à Nice, un fonds de commerce et un logement en Espagne). De même, qu’ « il y a des experts judiciaires, des magistrats et des avocats en prison », comme l’a déclaré Tayeb Belaïz, ministre de la Justice et Garde des sceaux (14). De la même manière, le pays s’est attelé à résoudre des questions relatives à des scandales financiers dont l’affaire Khalifa est la plus retentissante, dès lors qu’elle a entraîné la ruine de nombreux épargnants. La société Khalifa (banque, compagnie aérienne, pharmacie, télévision) a été liquidée. Cette affaire a également rejailli sur certaines personnalités françaises, notamment celles du spectacle et du cinéma dont il semblerait que celles-ci aient bénéficié de largesses en argent liquide de son gérant, Moumen Khalifa. La presse algérienne a également évoqué le cas de la Banque commerciale et industrielle d’Algérie (BCIA) dont le coût pour le Trésor public est estimé à 132 milliards de dinars (soit 1,7 milliard de dollars) ; après 18 mois d’instruction, il y a eu liquidation de la BCIA, l’incarcération de 33 personnes et l’émission de 16 mandats d’arrêt internationaux, dont l’un visant le promoteur de la banque, Ahmed Kherroubi (15).

A cet égard, sans doute en vue de l’entrée en vigueur de l’Accord d’association avec l’Union européenne et de l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce, il est suggéré une amélioration du système bancaire par l’adaptation des banques publiques aux normes internationales. De même, la question du jour semble être : comment sortir l’économie nationale de la spirale de l’endettement ? En effet, parmi les contraintes au développement du secteur privé, « la Banque mondiale relève les difficultés de financement, un accès limité à l’information, une insuffisance de la réglementation du travail conjuguée au manque de travailleurs qualifiés, des infrastructures inadéquates, un système juridique peu efficace, ainsi que des barrières administratives fortes », en plus des difficultés d’accès du secteur privé au foncier industriel. Par ailleurs, au moment où le pouvoir parle de professionnalisation de l’armée, force est de constater des nominations nouvelles, notamment : Abdelmalek Guenaïzia, général-major à la retraite, ministre délégué à la Défense nationale, Ahmed Sanhadji, général-major, secrétaire général au ministère de la Défense nationale, Ahcène Tafer, général-major, commandant des Forces terrestres, Mohamed Baâziz, général-major, commandant des Forces de défense aérienne du territoire(16). Enfin, pierre d’achoppement avec la société civile, le Code de la famille, datant de 1984, a été timidement réformé courant février 2005.

Ainsi, parmi les nouvelles dispositions il y a le maintien de la polygamie assortie, il est vrai, du consentement de la première épouse — consentement vérifié par le juge mais il faut toujours à la femme un tuteur matrimonial pour le mariage, même majeure (rôle assumé par le juge, le cas échéant). S’agissant du mariage, la principale innovation concerne la suppression de la procuration à un tiers pour représenter l’époux et l’alignement de l’âge du mariage à 19 ans révolus pour l’homme et la femme ; concernant le divorce, l’époux est désormais tenu légalement d’assurer le logement à ses enfants mineurs, avec la précision que l’épouse ne peut demander le divorce que dans des situations particulières, notamment pour infirmité sexuelle de l’époux, absence de plus d’une année sans motif valable, « pour toute faute morale gravement répréhensible établie ... De même, l’épouse peut se séparer de son conjoint sans l’accord de celui-ci, moyennant le versement d’une somme. En matière de succession, il n’y a pas de changement. A titre comparatif, le Maroc, qui a également modifié sa Mudawana, (Code du statut personnel), de façon plus substantielle (par exemple : consécration de l’égalité des droits, suppression du tutorat, co-responsabilité parentale ... ) ; cependant, il semblerait que deux ans après leur entrée en vigueur, le nouveau texte souffre d’application due notamment aux mentalités empreintes de traditionalisme encore tenace chez les juges et une partie des citoyennes marocaines. Ainsi, à titre illustrant, sur les 2186 demandes de mariage précoces déposées, 2140 ont été acceptées !(17). Au total, si l’Algérie n’est, hélas, toujours pas sortie de l’auberge, force est de constater que le système politique algérien a besoin d’une vigoureuse série de réformes ainsi que je l’ai suggéré dans une contribution parue dans la presse nationale(18).

- Notes de renvoi :

- 1) El Watan du 17/09/1998
- 2)Le Matin du 23/11/98
- 3) Idem
- 4) El Watan du 17/12/98
- 5) El Watan du 22/2/99
- 6) El Watan du 15/16/01/99
- 7) El Watan du 15/04/99
- 8) El Watan du 28/04/99
- 9) El Watan du 26/12/99
- 10) El Watan du 15/02/2000
- 11) El Watan du 3-04/03/2000
- 12) El Watan du 05/07/2000
- 13) Le Monde du 24/06/05
- 14)Jeune Afrique du 26/05/05
- 15) Jeune Afrique du 22/05/05
- 16) El Watan des 3 et 5/05/05
- 17) Jeune Afrique du 29/06/05
- 18)Cf. Le Quotidien d’Oran du 6/11/08

L’auteur est avocat algérien

 

Ammar Koroghli

10 janvier 2009


Date de création : 14/02/2010 @ 18:12
Dernière modification : 21/01/2014 @ 08:40
Catégorie : Articles à caractère politique
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